Ce jour-là, la Suédoise d’origine chilienne Zaida Catalan et l’Américain Michael Sharp, ainsi que leurs quatre accompagnateurs congolais, sont dans le village Bunkonde par, selon les autorités congolaises, les miliciens « terroristes » Kamuina Nsapu, en rébellion contre les autorités entre septembre 2016 et mi-2017. Les deux experts enquêtaient sur les violences dans le Kasaï pour le compte du Conseil de sécurité des Nations unies.
Leurs dépouilles sont découvertes le 27 mars. Le corps de Zaida Catalan est retrouvé dans une tombe peu profonde. Celui-ci a été décapité vraisemblablement comme une sorte de rituel ou de déclaration des bourreaux. Malgré l’arrestation de deux principaux suspects par les autorités congolaises, son corps n’a pu être restitué en intégralité. Une vidéo de l’exécution des deux experts fait surface en avril 2017.
Les motivations exactes liées à leur assassinat n’ont jamais été révélées. Toutefois, en janvier 2017, Zaida Catalán notait dans son carnet personnel qu’il y avait « des développements excitants » et qu’elle pourrait peut-être coincer quelqu’un. D’après les dossiers de son ordinateur, elle disposait de 130 fichiers concernant des enregistrement audios portant sur une discussion entre des personnes impliquées dans des incendies et des meurtres à Tshimbulu.
Le 5 juin 2017, trois mois après leur assassinat, une procédure avait été lancé devant le tribunal de garnison de Kananga avec 14 prévenus, puis devant la cour militaire de l’ex-Kasaï occidental avec 40 personnes poursuivies.
Même si officiellement l’ONU adoptait la thèse des autorités congolaises de l’époque à travers un rapport d’un comité d’enquête, par la suite il va s’avérer que les principaux suspects appartiennent tous aux services de sécurité de l’Etat congolais (ou y sont associés). C’est le cas notamment de Jose Tshibuabua et Thomas Nkashama (deux inspecteurs de la DGM) et Jean de Dieu Mambweni (colonel de l’armée congolaise).
En janvier 2022, après presque 5 ans de procès, le verdict est tombé : 51 condamnations à mort, une peine de dix ans de prison et deux acquittements.
Benjamin Babunga Watuna
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