L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a indiqué ce lundi 16 janvier, que quatre-vingt-six (86) journalistes et professionnels des médias ont été tués dans le monde en 2022, soit un tous les quatre jours.
Ces chiffres, relève l’UNESCO, soulignent les « graves risques » que continuent de courir les journalistes dans l’exercice de leur fonction et leur grande vulnérabilité.
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a souligné en ce sens qu’ »après plusieurs années consécutives de baisse, la forte augmentation du nombre de journalistes tués en 2022 est alarmante ».
Citée dans un communiqué de son organisation, Azoulay a estimé que « les autorités doivent redoubler d’efforts pour mettre fin à ces crimes et veiller à ce que leurs auteurs soient condamnés, car l’indifférence est un facteur important de ce climat de violence ».
Le pic de meurtres atteint en 2022 marque un renversement de la tendance positive observée ces dernières années : de 99 meurtres commis en 2018, le nombre était tombé à une moyenne de 58 meurtres par an de 2019 à 2021, selon l’Observatoire de l’UNESCO des journalistes tués, ajoute la même source.
Ces chiffres rappellent qu’à travers le monde, l’État de droit est parcouru de “fissures croissantes”, et témoignent de l’incapacité des États à remplir leurs obligations en matière de protection des journalistes, de prévention et de poursuite des crimes à leur encontre, relève-t-on.
Si toutes les régions ont été touchées, l’Amérique latine et les Caraïbes ont été les régions les plus dangereuses pour les journalistes en 2022, avec 44 meurtres, soit plus de la moitié de tous ceux qui ont été commis dans le monde.
L’Asie et le Pacifique ont enregistré 16 meurtres, tandis que 11 journalistes ont été tuées en Europe de l’Est.
Selon l’UNESCO, dans environ la moitié des cas, les journalistes n’ont pas été tués pendant qu’ils exerçaient leurs fonctions : ils étaient en voyage, à leur domicile, dans des parkings ou d’autres lieux publics lorsqu’ils ont été pris pour cible.
Et d’ajouter que cette situation s’inscrit dans la continuité d’une tendance observée ces dernières années et implique qu’il n’existe aucun lieu sûr pour les journalistes, même pendant leur temps libre.
Le nombre de journalistes tués dans des pays en conflit s’élève à 23 en 2022, contre 20 l’année précédente, la forte augmentation globale du nombre de meurtres intervient donc principalement dans des pays qui ne connaissent pas de conflit. Ce nombre a presque doublé, passant de 35 cas en 2021 à 61 en 2022, ce qui représente les trois quarts de l’ensemble des meurtres commis l’an dernier.
Ces journalistes ont été tués pour différentes raisons, notamment des représailles pour des reportages sur le crime organisé, des conflits armés, la montée de l’extrémisme, ou la couverture de sujets sensibles tels que la corruption, les crimes environnementaux, les abus de pouvoir ou les manifestations, relève le communiqué.
Si des progrès ont été accomplis au cours des cinq dernières années, le taux d’impunité pour les meurtres de journalistes reste particulièrement élevé (86 %), ce qui entrave le travail des journalistes et met en péril la liberté d’expression à travers le monde, observe l’UNESCO, ajoutant que cela prouve que la lutte contre l’impunité reste un engagement urgent pour lequel la coopération internationale doit être davantage mobilisée.
Outre les meurtres, les journalistes continuent d’être menacés par de multiples formes de violence, telles que les enlèvements, les détentions arbitraires, le harcèlement juridique ou la violence numérique, en particulier à l’encontre des femmes journalistes.
Le rapport de l’UNESCO sur les tendances mondiales en matière de liberté d’expression 2021/2022 met en évidence ces défis. Ainsi, les lois contre la diffamation, la cyber-diffamation et la diffusion de « fausses informations » sont parfois utilisées comme un moyen de limiter la liberté d’expression, en instaurant un environnement néfaste pour les journalistes.