L’écrivain poète Armand MAVINGA TSAFUNENGA adresse un message de soutien à la population de Goma traumatisée une fois de plus à la suite de l’éruption soudaine du volcan Nyiragongo ce samedi 22 mai 2021. Il adresse ses condoléances les plus émues aux familles éprouvées dans cette nouvelle dure épreuve, à côté de l’insécurité entretenue à l’est de la République Démocratique du Congo depuis plus de deux décennies par des rébellions et des groupes armés étrangers.
Armand MAVINGA TSAFUNENGA est un écrivain poète de la paix et de la justice des peuples et des nations depuis l’âge de 20 ans, comme en témoigne le poème intitulé « Seigneur, qu’ils se taisent définitivement » et repris ci-dessous, qu’il a écrit à Lubumbashi le 14 février 1977, lors de l’éruption volcanique du même volcan Nyiragongo qui avait fait 600 morts. Vous pouvez le lire aussi dans son recueil de poèmes dont voici les références : Armand MAVINGA TSAFUNENGA, Narcotiques et Illusion, recueil de 116 poèmes, préfacé par Amadou Elimane Kane, Paris, Editions Pyramide Papyrus Presse, 2010, p.56.
Nous avons suivi avec une grande tristesse des scènes où des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant, comme d’habitude avec désespoir, la coulée de la lave du volcan Nyiragongo. Nous avons vu des habitations englouties par la lave où l’on ne reconnaissait à peine des amas de tôles tordues par ce feu terrible, et une population abandonnée à elle-même face à des autorités démunies et dénuées du sens d’anticipation. Et la ville de Goma coupée de l’extérieur, privée d’électricité, de distribution en eau et en ravitaillement alimentaire.
Dans ce bilan à actualiser probablement, dix-sept villages ont été touchés, et la lave n’a pas seulement englouti sur son passage des maisons, mais a détruit les infrastructures dont les routes. Il y a un constat amer du dysfonctionnement du système de prévention des risques sismiques.
Le ciel déjà rouge par le sang versé chaque jour à l’est de la République Démocratique du Congo, a été éclaboussé par la terrible lumière rouge du feu apocalyptique que vomissait le volcan Nyiragongo. Nous avons vu le Peuple Congolais en pleur et en prière pour que ce volcan ne fasse pas des dégâts comme en 1977 et en 2002. Plaise au ciel que la coulée de lave du volcan Nyiragongo s’est arrêtée dimanche dans les faubourgs de la ville de Goma et n’a pas détruit l’aéroport de cette ville. Il nous a été indiqué que les laves se sont arrêtées à Buhene dans la périphérie de Goma et à quelques centaines de mètres de l’aéroport. Nous notons une dizaine de morts à côté de dégâts matériels et naturels très importants.
Nous sommes ensemble avec la population de Goma et de toute la partie Est de notre pays, comme avec la population congolaise de tout notre pays. Demain le Grand Congo du 21ème siècle va apporter la vraie lumière qui va éclairer l’est de la République du Congo, tout le pays, l’Afrique et l’humanité entière. L’athlétisme de la souffrance inhumaine, de la terreur, des massacres et de la mort de la population congolaise va s’arrêter bientôt au pays de nos grands et valeureux ancêtres.
Voici le poème écrit le 14 février 1977, comme s’il était écrit aujourd’hui :
Seigneur, qu’ils se taisent définitivement
Que nous veulent-ils ?
Vos trois diables des monts VIRUNGA
Qui n’ont jamais voulu
Définitivement se taire
Comme leurs trois autres frères.
Qu’ils se taisent définitivement,
Ces diables qui assassinent ces pauvres
Irremplaçables machines de notre pays.
0ù en trouvera-t-il d’autres ?
Comment va-t-il, pauvre, bien fonctionner ?
Seigneur, dites à vos trois diables
De se taire définitivement,
De s’en aller définitivement
Afin de laisser notre peuple en paix
Dans notre pays à l’idéal de paix.
Seigneur, dites à vos trois diables
De se taire définitivement
Sinon nous irons en guerre
Contre eux ;
Nyiragongo vient de dépasser les limites.
Seigneur, punissez-les vous-même
Au titre de vos immuables lois
Afin qu’ils ne puissent plus continuer,
N’oubliant pas que c’est ce diable
Qui vient de rouvrir notre plaie.
Seigneur, qu’ils se taisent définitivement.
Lubumbashi, le 14 février 1977 (Cfr, Narcotiques et Illusion, cité plus haut, page 56).
L’écrivain poète Armand MAVINGA TSAFUNENGA réitère son soutien à la population de Goma traumatisée par l’éruption volcanique, à celle de l’Est du pays pillée et martyrisée, ainsi qu’à tout le Peuple Congolais qui vit la plus grande tragédie humaine après la Seconde Guerre mondiale. Ensemble nous vaincrons.
Rédaction