Des acteurs de la société civile de l’ex-Grand Katanga remettent en question l’efficacité des organismes spécialisés chargés de gérer les fonds communautaires dans cette région minière.
Cette enveloppe, destinée à financer des projets de développement dans les zones impactées par les activités minières, est constituée d’une dotation annuelle équivalant à 0,3 % du chiffre d’affaires des sociétés minières.
Si ce fonds donne des résultats positifs, notamment dans la province de Haut-Uele, il en va autrement dans l’ex-Katanga. Les acteurs de la société civile de cette région s’interrogent sur les raisons de cette disparité.
Dans le Haut-Uele, le directeur du département social de Kibali Gold, Raoul Sadi, explique que cette dotation contribue à la réalisation de plusieurs infrastructures sociales dans les territoires de Watsa et Faradje, par exemple.
Grâce aux 0,3 % de dotation versés par Kibali Gold à l’État congolais, des écoles, des hôpitaux, des centrales solaires, des routes de desserte agricole et d’autres galeries marchandes ont vu le jour dans cette province.
La création d’organismes de gestion spécialisés a été un pas important. Raoul Sadi précise que son entreprise a mis à disposition les fonds cumulés pour la mise en œuvre des projets communautaires dès l’installation, en septembre 2022, de la structure chargée de gérer cette dotation.
« En tant que Kibali Gold, nous avons attendu que les autorités nationales, notamment le ministre des Mines et celui des Affaires sociales, prennent des mesures suite à l’arrêté signé le 4 mai 2022. C’est ainsi que la structure que nous appelons Dot Kibali a été mise en place par leurs excellences ici même à Durba le 26 septembre 2022. À partir de ce moment, nous avons utilisé les fonds cumulés de 2022 à 2022 pour mettre en œuvre les projets communautaires», a-t-il expliqué, la semaine dernière, lors d’une conférence de presse à Durba (Haut-Uele), siège de Kibali Gold.
Ces organismes spécialisés ainsi institués par l’arrêté interministériel dans les provinces concernées ont pour mission de mieux gérer les fonds communautaires et mettre en œuvrer les projets, explique la cheffe de projets de « dot Kibali », Gradi Sanzou.
Elle explique le fonctionnement de l’unité de gestion de projet mise en place sur terrain dans le Haut-Uele : « Les membres de l’organisme retournent vers les différentes communautés pour recueillir les projets. Là, ils ont un fait un plan sur 5 ans. C’est un peu comme le cahier des charges. Mais chaque année, ils doivent retourner vers cette communauté là pour voir quelle est la priorité parce qu’elle change ».
Et pour cette année, ajoute-t-elle, des consultations se poursuivent afin de déterminer le projet prioritaire avant de lancer les projets de 2024. Le conseil d’administration de dot Kibali est composé des représentants de Kibali gold, des communautés locales, des structures de l’Etat. Les membres du conseil d’administration décident et la dot kibali exécute les projets.
Emmanuel Umpula, le directeur de Afrewatch, un observatoire de bonne gouvernance dans le secteur minier, s’interroge pourquoi le Grand Katanga ne suit pas cette dynamique.
Il affirme que son organisation essaie de comprendre les raisons qui font que les choses ne semblent pas avancer dans cette région : « Dans le Lualaba et le Haut-Katanga, les choses ne semblent pas avancer. Donc nous sommes en plein processus, en pleine étude pour comprendre les raisons. Et donc, c’est déplorable que depuis 2018, ensuite après avoir fixé les mesures d’application que ces fonds continuent d’être toujours gérés par les départements sociaux de ces entreprises ».
Afrewatch espère trouver ce qui bloque par rapport à la gestion de 0.3% de dotation des sociétés minières pour le développement des communautés dans cette région riche en ressources naturelles du Sud-Est de la RDC.