L’autorité coutumière du territoire de Kabare au Sud-Kivu, Mwami Kabare Rugemaninzi II N’Nabushi est favorable à la pérennisation du Système d’Information sur le Marché (SIM) mise en œuvre par le Conseil Agricole Rural de Gestion (CARG) avec l’appui du projet Feed the Future RDC, Renforcement des Chaînes de Valeur (SVC/Lima-Faidika). Il l’a fait savoir ce mercredi 14 juillet 2021 lors d’un échange sur les avancées de ce système et les mécanismes de sa pérennisation. C’était à son bureau de travail de Cirunga à Kabare avec des représentants du CARG, du Conseil Consultatif Provincial Agricole (CCPA), de SVC/Lima-Faidika, et de l’Activité de Gouvernance Intégrée (IGA).
Lancé en septembre 2020, le SIM met à la disposition des producteurs, des vendeurs, des consommateurs l’information concernant les prix des produits agricoles et des marchés où ils sont disponibles dans le Kabare et dans deux autres territoires du Sud-Kivu (Walungu et Kalehe), ont expliqué au Mwami Kabare les responsables du CARG/Kabare et du CCPA. Ces derniers ont fait savoir que dans le cadre de ce système, seuls 10 produits, les plus encrés dans les habitudes alimentaires des populations de 3 territoires suscités ont été ciblés. Ces produits sont : le haricot, le soja, le maïs, le manioc, la patate douce, l’huile de palme, la tomate, le riz, la pomme de terre et l’oignon. A Kabare, la diffusion des informations sur ces produits se fait à travers des pancartes placées aux entrées des deux grands marchés, celui de Mudaka et celui de Katana, ont-ils renseignés.
« En seulement 9 mois de sa mise en œuvre, nous avons déjà noté plusieurs avancées avec le SIM. Ce système a permis d’harmoniser les prix entre les différents acteurs du marché, de standardiser l’unité de mesure. Par exemple, nous sensibilisons tous les acteurs du marché à utiliser notamment la balance comme instrument par excellence pour mesurer le poids car ceci permet non seulement de fixer les indices de prix au kilogramme, mais aussi d’avoir des données sur les quantités produites, vendues et pourquoi pas consommées. Avec les anciennes unités de mesure, les bassins, les namaa et les boites de Guigoz, c’était difficile de capter ces informations. Et dans tous les cas, c’était soit le producteur, le vendeur ou le consommateur qui perdait », a soutenu Christian Irenge Coordonnateur Adjoint du CCPA et Responsable technique de la mise en place du SIM.
Le CARG/Kabare et le CCPA se sont en outre entretenus avec le Mwami Kabare au sujet de la poursuite des activités du SIM après le contrat qui les lient avec SVC/Lima-Faidika qui finance le système à 90%.
Ils ont confié au Mwami que la mise en œuvre de ce système coute environs 290 dollars par mois, par marché. Cette somme, ont-ils expliqué, couvre principalement, la prime des points focaux du SIM, le renouvellement des marqueurs pour noter sur la pancarte les nouvelles informations et du gel hydro alcoolique pour effacer. L’argent paye aussi l’impression des fiches de collecte d’informations auprès des producteurs et vendeurs, les frais de communication (SMS) pour l’envoi de ces informations au bureau du CCPA à Bukavu. C’est ce dernier qui centralise, analyse et partage les données recueillies avec les points focaux d’autres marchés.
« La collaboration avec SVC prend fin au mois de septembre 2021 prochain. C’est la raison pour laquelle, nous étions déjà entrés en contact avec la chefferie pour solliciter son appui financier dans la poursuite de cette activité bénéfique à toute notre communauté qui vit à majorité de l’agriculture. La chefferie s’était engagée à soutenir le SIM. Avec le numéro un de la chefferie lui-même aujourd’hui, nous voulons connaître la part et les mécanismes d’accès à cette contribution », a souligné Pascal Kazamba Secrétaire exécutif du CARG/Kabare.
De son côté, le Mwami Kabare a apprécié toutes ces informations. Il a reconnu qu’elles sont importantes pour son entité. Au-delà d’informer sur les prix et les quantités, la chefferie de Kabare a besoin des données statistiques que le SIM pourrait générer, a-t-il indiqué à ses visiteurs.
« On ne peut pas améliorer les conditions de vie d’une population sans avoir des repères. Savoir quelles sont les produits qui intéressent nos populations, ce que et quelles quantités nous-mêmes nous produisons, où trouver ce que nous ne produisons pas, quels sont les prix dans différents marchés pour que nos producteurs ne perdent pas, … », a -t-il dit.
Favorable à la continuité du SIM dans son entité, le Mwami Kabare a promis au CARG et au CCPA d’étudier avec son équipe à hauteur de combien et comment la chefferie va appuyer financièrement ce système. Il a aussi proposé au CARG, une autre piste pour mobiliser les fonds pour le SIM.
« Nous allons nous réunir avec nos services techniques, ainsi que l’entreprise avec laquelle nous avons un partenariat public-privé pour la mobilisation des recettes dans les marchés de Kabare. C’est après cette réunion que nous saurons quelle quotité des recettes générées par les taxes sur les produits vivriers nous pouvons affecter au SIM. Par ailleurs, nous encourageons nos équipes du CARG à conscientiser les associations et organisations des producteurs de Kabare à se faire connaitre auprès de l’Etat. La loi financière prévoit de céder 10% des frais d’enregistrement payés par ces associations aux structures qui l’aident à mobiliser ces recettes. Si le CARG arrive à le faire, la chefferie lui cédera aussi ce pourcentage prévu par la loi », a indiqué Mwami Kabare.
Avant de se séparer, le Mwami a invité le CARG à poursuivre les sensibilisations auprès des acteurs du marché de Kabare pour une meilleure appropriation des acquis de cet outil d’intérêt communautaire.
Rédaction