C’est à l’issu de la journée d’échange et de réflexion qui s’est tenue en février 2022 à Ihusi avec 14 champions des formations Gender Action Learning System (Apprentissage du genre par l’action/GALS) des villages de Muhongoza, Bushushu et Ihusi, que des autorités coutumières de la chefferie de Buhavu et administratives ainsi que des leaders de la société civile en territoire de Kalehe, ont manifesté l’intérêt d’apprendre et utiliser aussi certains outils de planification de la méthodologie GALS.
GALS est un system d’apprentissage interactif entre les sexes qu’utilise le projet Feed the future RDC, Renforcement des Chaînes de Valeur (SVC/Lima-Faidika) depuis 2018, pour amener les hommes et les femmes membres des Organisations des Producteurs agricoles (OP) du Sud-Kivu, principalement de café, haricot et soja, à avoir plus de contrôle sur leurs vies et mieux gérer et diversifier les ressources familiales, renforcer le leadership des femmes dans la prise de décision et l’autonomisation afin d’améliorer leurs conditions de vie et catalyser le changement au sein de leurs communautés, a expliqué Bertin Bisimwa, Spécialiste du Genre, de la jeunesse et de l’inclusion sociale au sein de SVC/Lima-Faidika.
« Pour étendre ces enseignements dans les ménages et dans la communauté, en 2020, nous avons identifié, dans 3 des 4 territoires cibles du projet SVC/Lima-Faidika (Walungu, Kabare, Kalehe), des membres des OP qui ont mis en pratique les outils appris. Ce sont les champions de Kalehe qui aujourd’hui viennent de présenter devant leurs chefs de village, de la chefferie de Buhavu et de territoire, les résultats des changements sociaux et les progrès économiques les plus significatifs qu’ils ont enregistrés entre 2020 et 2022 sur le plan individuel, au niveau de leurs ménages, ainsi que dans leurs communautés respectives », a indiqué Bertin Bisimwa.
Les champions GALS de Kalehe dont 9 femmes et 5 hommes, ont expliqué à l’assemblée, que des outils de GALS comme la route vers la vision, la carte de leadership et d’autonomisation ainsi que l’arbre d’équilibre genre ; ont permis aux personnes qu’ils ont formées, d’avoir des visions économiques claires et durables, d’investir dans le secteur agricole et d’intégrer dans leurs activités les questions de sensibilité à l’égalité des sexes, d’inclusion sociale et de résilience.
Comme résultats présentés, les champions GALS ont dénombré plus de 1500 personnes qui ont bénéficiés en cascade des formations GALS dans les villages de Muhongoza, Bushushu et Ihusi. Parmi ces personnes, des hommes, des femmes et des nombreux jeunes filles et garçons, ont-ils indiqués, avant de préciser que ces personnes sont parvenues à changer leurs modes de vie, certaines en créant leurs propres entreprise et initiatives économiques, d’autres en investissant dans la construction des maisons en matériaux durables et/ou en planches ; d’autres encore en achetant des parcelles, des champs, des motos et d’autres enfin en aidant à résoudre pacifiquement des conflits dans des ménages.
Des résultats confirmés par notamment Muhini Pierre, chef du village de Muhongoza. Il a témoigné avoir lui-même été déjà formé par les champions de son village.
« ils sont venus me voir et m’ont dit qu’ailleurs les chefs de village ne vivent plus dans des maisons en planche. Ils m’ont montré par exemple qu’avec juste la rémunération qu’on me donne lorsque je statue sur des cas de conflits communautaires, je peux investir dans l’agriculture et améliorer mes conditions de vie (…) Quelques mois après, j’ai commencé à investir cet argent dans l’entretien de mes champs et à chaque récolte, je me retrouvais avec deux ou trois cents dollars américains (200 à 300$) que j’épargnais. C’est ainsi que j’ai lancé la construction de ma nouvelle maison en briques cuites. Elle sera en étage. Pour le moment je viens de finaliser le premier niveau. J’y suis parvenu grâce aux conseils des champions GALS. Pour la suite, nous avons convenus avec les champions que nous allons identifier des petits projets communautaires de développement de notre village que nous pouvons réaliser ensemble », a confié Muhini Pierre devant ses collègues chefs de villages et autres autorités locales.
Séduit par les résultats de cette méthodologie, Pascal Chimana Masikilizano, Administrateur du territoire assistant en charge des questions économique, finances et développement de Kalehe, a fait voir que si les chefs de 96 villages et sous villages de deux collectivités chefferies de Kalehe (Buhavu et Bunyakiri), apprennent également comment tracer des visions réalistes de développement de leurs entités, le territoire de Kalehe se développera petit à petit de la base au sommet.
« Nous venons d’apprendre comment avec peu de ressources, des ménages se sont organisés pour réaliser leurs projets à moins de deux ans. (…) je suis convaincu que si les chefs, les champions GALS ainsi que les comités locaux de développement de nos villages travaillent ensemble, il y aura des grands changements ici. Je viens personnellement de prendre rendez-vous avec un des champions GALS, pour apprendre et comprendre ces outils, mais nous demandons que SVC trouve le temps de venir également capaciter les chefs de nos villages pour plus de durabilité », a souhaité l’administrateur du territoire assistant de Kalehe.
Présent également à cette rencontre, Delphin Mirimba de la cellule de planification et élaboration des projets de la chefferie de Buhavu a également été agréablement surpris par les résultats atteints grâce à GALS dans les 3 villages. Il s’est engagé de son côté à accompagner les champions GALS dans leurs actions bénévoles et projets communautaires. Il a promis qu’il va mettre ces champions en contact avec d’autres structures communautaires de la chefferie pour intensifier et disséminer les outils de planification de GALS dans d’autres villages, et ce, a-t-il dit, avant l’élaboration du nouveau plan de développement local de leur chefferie.
Rédaction