« Le système paysan amélioré » consiste à associer dans un même champ la culture de café au haricot en y ajoutant quelques pieds de bananiers comme arbres d’ombrage et du fertilisant organique. C’est aussi un modèle qui permet aux caféiculteurs de maximiser la rentabilité de leurs champs et de réduire le coût de production (mise en place du champ et maintenance). Il est surtout bon et adapté aux producteurs de café qui n’ont pas assez des mains d’œuvre comme c’est le cas pour la plupart des paysans du Sud-Kivu. Ceci a été démontré, par des chercheurs de l’INERA appuyés par le projet Feed the Future RDC, Renforcement des Chaînes de Valeur (SVC/Lima-Faidika). C’était le vendredi 21 janvier 2022 à Bukavu, au cours d’un atelier de dissémination des résultats de recherches, sur différents systèmes de culture de café pratiqués par des caféiculteurs du Sud-Kivu.
Ces premiers résultats présentés aux acteurs du secteur café du Sud-Kivu, sont le fruit des recherches menées depuis 2018 avec l’appui financier du peuple américain et l’USAID à travers SVC/Lima-Faidika, a expliqué christiane Masirika, Chargée des recherches sur le café à SVC/Lima-Faidika : « Cinq systèmes ont été expérimentés lors de cette étude menée depuis près de 4 ans maintenant sur la culture du café au Sud-Kivu. Nous avons essayé le système paysan : ici le producteur fait le café en association avec le haricot sans l’utilisation du fumier. Nous avons aussi testé le système café plante de couverture où le paysan associe dans son champ le café avec une plante légumineuse non comestible utilisée comme une plante de couverture pour limiter le labour autour du pied du caféier et le cout de la main d’œuvre liée au sarclage ainsi qu’aux différents types de fertilisations, (organique et minérale). Nous avons également testé 2 systèmes avec fertilisations, celui où le paysan, en plus d’associer le haricot et le bananier au caféier, utilise uniquement le fertilisant minéral, et celui où le paysan combine la fertilisation minérale et celle organique ; que nous conseillons d’ailleurs aux grands planteurs du café. Et enfin, le « système paysan amélioré » que nous avons jugé idéale et approprié pour de nombreux caféiculteurs du Sud-Kivu », a-t-elle expliqué.
Le modèle de culture de café « système paysan amélioré » a le mérite de garantir des revenus aux paysans des années avant la production du café, voire pendant la période de soudure. D’une pierre 3 coups, dans le même champ, le paysan a des haricots et des bananes pour se nourrir et écouler sur le marché et le café pour se procurer des fonds, ont expliqué, les chercheurs agronomes.
Mais attention, ont-ils insisté, pour que ça marche, les paysans doivent respecter certaines bonnes pratiques agricoles dont : – faire un trou de 60 cm3 sur un écartement de 2,5 m sur la ligne et 2,5 m entre les lignes pour planter le café; – ne pas labourer autour de 50 cm du pied de caféier ; – planter les haricots nains et non les haricots volubiles ; – planter le haricots dans les allés du café en respectant la cuvette autour du pied du café de 50cm ; – planter les haricots avec un écartement de 25cmX20cm ; – planter les bananiers en laissant une distance de 2m sur 2m entre le café et de 6m (horizontalement et verticalement) entre les bananiers pour que l’ombrage soit bien requis.
Ces recherches ont été effectuées dans les territoires de Kabare et Kalehe. Pour ce faire, 9 champs expérimentaux ont été installés chez des grands producteurs de café, chez les petits paysans et au site de l’INERA MULUNGU.
Des participants à cet atelier ont demandé à cette équipe de recherche sur le café d’élaborer et multiplier les fiches techniques qui décrivent les points forts et faibles des différents systèmes de culture du café étudiés, en vue de les disséminer auprès des paysans de ces deux territoires.
Ben Lentz, Chef d’équipe de SVC/Lima-Faidika, recommande quant à lui aux acteurs du secteur café du Sud-Kivu parmi lesquels l’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC), Le Réseau des Coopératives des Producteurs de Café-Cacao (RCPCA), l’Initiative des Femmes dans le Café-Cacao (IFCCA), l’Institut National pour l’Etude et la Recherche Agronomique (INERA), le Ministère provincial de l’Agriculture de s’approprier ces résultats et de les vulgariser auprès notamment des paysans de Kabare et Kalehe.
Rédaction