C’est pour que les produits agricoles des paysans soient rémunérés au prix qu’ils leurs coûtent à les produire et qu’ils évitent à les vendre à perte, que Feed the Future RDC, Renforcement des Chaînes de Valeur (SVC/Lima-Faidika) vient d’organiser ce mois de mars 2022 tour à tour deux ateliers de formation sur le calcul du coût de production et la marge bénéficiaire en faveur des membres des Organisations de Producteurs agricoles (OP) d’Idjwi Nord et Idjwi Sud. Financé par USAID et le peuple américain, SVC/Lima-Faidika qui appui le secteur agricole au Sud-Kivu depuis 2017, vise l’augmentation des revenus des ménages agricoles.
« Nous avons constaté que nombreux paysans ne tiennent pas compte des diverses dépenses ou charges qu’ils supportent dans leurs exploitations agricoles lorsqu’ils fixent le prix de leurs produits. Certains fixent le prix en tenant compte juste des dépenses liées à la location du champ ou à l’achat des semences, sans plus. D’autres fixent leurs prix au marché même sans savoir si les prix en cours conviennent ou non à leurs produits ou s’ils gagnent ou vendent à perte. Pourtant, pour bien affronter le marché et garantir des prix qui permettent aux paysans de vivre, il faut que les producteurs agricoles connaissent et sachent calculer tout ce qu’ils engagent comme coûts pour arriver à produire leurs denrées et à quelle marge ils vont vendre leurs produits », a expliqué Alain N’naka Muhigirwa, spécialiste en liens de marché au sein du projet SVC/Lima-Faidika, et facilitateur desdits ateliers de formation.
Les 86 membres des OP partenaires de SVC/Lima-Faidika sur l’île d’Idjwi ont ainsi d’abord appris que le coût de production, est l’ensemble des dépenses ou charges engagées par l’agriculteur dans son exploitation agricole avant, pendant et après la production.
« Pour les exploitations qui produisent par exemple les haricots ou le soja, a expliqué le formateur, ce calcul prend en considération entre autres : – l’argent investi dans l’achat des intrants agricoles comme la semence, l’engrais, les outils aratoires ; – la location des champs ; – la main d’œuvre pour le labour, le sarclage, la récolte ; – le transport des produits ; – le séchage ; – le battage ; – le vannage ; – le triage ; – le conditionnement ; – l’achat des emballages (sacs) et la conservation des produits avant la vente. Les producteurs qui cultivent pour le marché doivent noter toutes ces dépenses, petites soient-elles », a indiqué Alain N’naka.
Après le calcul du coût de production, les participants ont aussi été outillé sur comment calculer le taux de la marge bénéficiaire. La marge bénéficiaire a indiqué le facilitateur de l’atelier, est la différence entre le prix de vente et le coût de production d’un produit. Cependant le taux de la marge bénéficiaire varie entre 1 et 30 % du coût de production total, a renseigné Alain N’naka. Le taux de la marge bénéficiaire permet de savoir à quel prix l’agriculteur peut vendre son produit, combien il peut gagner à chaque fois qu’il vend sa production, quelle est la période indiquée pour mieux vendre et quel est marché qui offre un meilleur prix.
Après des exercices de simulation en groupe, les producteurs agricoles d’Idjwi Nord tout comme ceux d’Idjwi Sud ont estimé que pour un champ d’un hectare des haricots cultivé en association avec le maïs et le manioc, le coût de production d’un kilo (1 Kg) de haricot pourrait varier entre 1.200 et 1.300 Francs Congolais (FC), soit 0.6 ou 0.65 dollars USD. Par contre, dans un champ d’un hectare ou on associe le soja avec le maïs et le manioc, à Idjwi Sud le coût de production d’un kilo (1Kg) de soja serait de 1.200 FC (0.6 dollars USD) et à Idjwi Nord de 1.800 FC (0.9 dollars américains). Tout calcul fait, si on inclut la marge bénéficiaire de maximum 30% du coût de production total, 1kg de haricot se vendrait sur le marché d’Idjwi Nord et Sud à environ 1.560 FC (0.78 dollars USD) et le soja à 2340 FC (1.17 dollars USD) à Idjwi Nord, et au Sud à 1.560 FC (0.78 dollars USD). Ces estimations peuvent dépendre d’un producteur à un autre et selon la conjoncture économique ou climatique qui prévaut dans chaque milieu durant les saisons culturales, a tenu à préciser Alain N’naka, Spécialiste en liens de marché chez SVC/Lima-Faidika.
Ntampaka Muhinga Joseph, agriculteur depuis plusieurs années et en même temps Président du marché Musheke à Idjwi Sud reconnait n’avoir jamais fait ce genre d’exercice. Il ne sait donc pas s’il fait ou pas des bénéfices avec ses produits agricoles : « J’ai 3 hectares de terre ou je cultive le haricot, le soja, le maïs et le manioc. J’ai toujours vendu mes produits au prix que je rencontre au marché sans savoir combien j’ai dépensé pour leurs productions. (…) Grâce à cette formation, je vais désormais commencer à calculer le coût de toutes les dépenses engagées dans mon champ et ajouté une marge pour le bénéfice que je veux avoir avant de fixer mon prix ».
Le calcul du cout de production et celui de la marge bénéficiaire sont des estimations pratiques qui permettent au producteur de savoir à quel prix vendre, chez qui vendre, sur quel marché et le moment propice pour écouler ses produits pour gagner. C’est un exercice complexe pour le simple paysan. C’est pour cela que SVC/Lima-Faidika prévoit d’autres séances de coaching afin que les membres des OP qui sont notamment dans les chaînes de valeurs haricots et soja et qui sont orientés vers le marché soient en mesure d’effectuer ces calculs sans trop de difficulté.
Rédaction